
Dès la tombée de la nuit, la place s’illumine. Les qraqeb résonnent, le guembri répond, les youyous fusent. Devant la scène, un public mêlé : familles du Souss, jeunes d’Agadir, touristes curieux, tous happés par la transe gnawa. Au milieu de cette marée humaine, un nom revient sur toutes les lèvres : Festival Izouran Gnawa Agadir.
Pour sa huitième édition, le festival se tient du jeudi 4 au dimanche 7 décembre 2025, chaque soir à partir d’environ 18h30, sur la place du Prince Héritier (Sahat Wali Al Ahd) à Agadir.
“Izouran” veut dire “les racines” en amazigh – tout un programme pour un rendez-vous qui revendique la profondeur de la mémoire gnawa autant que l’énergie d’une ville moderne tournée vers l’Atlantique.
En tamazight, “Izouran / Izourane” signifie littéralement “les racines”, un mot qui renvoie à l’idée de retour aux origines, à la mémoire et au patrimoine partagé. Ce n’est pas un hasard si l’Association Ajdir-Izourane l’a choisi dès 2016 pour la première édition du Festival international “Izourane” à Ajdir et Khénifra (15–16 octobre 2016), organisée sous le signe « Ensemble pour la valorisation du patrimoine amazigh » et présentée comme une célébration de la culture amazighe en tant que composante essentielle de l’identité marocaine.
Depuis, ce nom s’est imposé comme une véritable “marque” culturelle amazighe : on le retrouve au Festival Izouran d’Aït Ben Haddou dédié au patrimoine oral amazigh (18–21 octobre 2024) , au Festival Izourane des arts traditionnels d’Aouloz dans la région du Souss, dont la 7ᵉ édition est annoncée du 19 au 21 septembre dans le calendrier culturel 2025 de la région , au Festival international Ajdir Izourane à Khénifra (6ᵉ édition estivale du 21 au 23 août 2025) , et bien sûr au Festival Izouran Gnawa d’Agadir, dont la 8ᵉ édition se tient du 4 au 7 décembre 2025 à Sahat Wali Al Ahd.
Autrement dit, quand un festival s’appelle Izouran(e), il affiche d’emblée son ambition : revenir aux racines – de la musique, de la langue, des territoires – et les remettre au centre de l’espace public marocain.
Créé pour mettre en avant la scène gnawa du Souss et d’Agadir, le Festival Izouran Gnawa Agadir s’impose progressivement comme un rendez-vous majeur de la musique gnawa en plein air. Les organisateurs, via conférences de presse et médias locaux, présentent la 8ᵉ édition 2025 comme un moment fort de l’agenda culturel de la ville, avec une programmation qui rassemble mâalems confirmés, troupes locales et jeunes talents.
%20(19).jpg)
Le festival investit Sahat Wali Al Ahd (place du Prince Héritier), transformée pendant quatre soirs en grande scène à ciel ouvert, au cœur de la ville.
Le festival se tient du 4 au 7 décembre 2025, avec plus d’une vingtaine de mâalems et de groupes venus de plusieurs villes : Agadir, Dcheira, Marrakech, Casablanca, Rabat, Essaouira, Tanger, Taroudant, Inzegane. Le programme se déroule ainsi :

Pour mesurer la portée d’Izouran Gnawa Agadir, il faut rappeler ce qu’est la culture gnawa.
Née de l’histoire douloureuse des esclaves transsahariens appelé ISMGAN, la gnawa s’est peu à peu transformée en une tradition musicale, spirituelle et thérapeutique profondément marocaine : nuits rituelles (lîla), répertoires chantés, symbolique des couleurs, rôle des mâalems comme passeurs de mémoire.
En 2019, la culture gnawa a été inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Dans ce contexte, un festival gratuit et populaire comme Izouran Gnawa Agadir, organisé chaque année en plein centre-ville, devient plus qu’un événement festif :
À chaque édition, les vidéos et stories le montrent : le public du festival est largement jeune. Izouran fonctionne comme un miroir où cette génération se voit telle qu’elle est :
Rachid, jeune Gadirien, a confirmé :
« Pour nous, Izouran c’est la preuve que notre musique peut remplir une grande place, pas seulement les cafés ou les petites salles. On se sent chez nous, mais devant le monde »
(témoignage “Samedi, 5 décembre 2025”)
Quelques conseils concrets :
Du premier Festival international Izourane à Ajdir et Khénifra en 2016 aux diverses déclinaisons d’Aït Ben Haddou, d’Aouloz ou de Khénifra, le mot Izouran(e) s’est imposé comme un fil rouge des grands rendez-vous amazighs au Maroc.
Avec le Festival Izouran Gnawa Agadir, ces “racines” prennent une couleur particulière :

Docteure en langues et communication et titulaire d'un master en tourisme et communication. J’ai eu l’occasion de développer l’expertise dans le domaine de la communication touristique. J’ai mené des recherches en ingénierie touristique et en développement du tourisme culturel.