RICHESSE ET PATRIMOINE MAROCAINS

Festival Gnaoua Essaouira 2025 : Un trésor vivant du patrimoine culturel immatériel du Maroc

16/6/2025
Essaouira, souffle d’Afrique et mémoire du Maroc

Le Festival Gnaoua, miroir d’un héritage spirituel ancestral

Du 19 au 21 juin 2025, la ville d’Essaouira célèbrera l’âme de la culture africaine et marocaine à travers la 26ᵉ édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde. Plus qu’un simple événement musical, ce festival est un rituel culturel profondément enraciné dans le patrimoine immatériel marocain, reconnu par l’UNESCO depuis 2019.

La culture Gnaoua : entre mémoire, transe et transmission

La tradition Gnaoua puise ses racines dans les rituels africains subsahariens, transmis oralement de génération en génération. Les maâlems (maîtres gnaouas) sont à la fois musiciens, guérisseurs et guides spirituels. Leur art réunit :

  • le guembri (luth à trois cordes),
  • les qraqeb (castagnettes métalliques),
  • les chants d’invocation et de mémoire des ancêtres,
  • les danses de transe.

Leur fonction dépasse le divertissement : les Gnaouas assurent des rituels de guérison collective (lila), célèbrent les esprits bienveillants (mlouk) et tissent un lien entre les mondes visible et invisible.

Le festival comme espace vivant de sauvegarde du patrimoine

En accueillant chaque année des dizaines de maâlems venus de tout le Maroc (Fès, Marrakech, Ksar El Kebir, Essaouira…), le Festival Gnaoua agit comme un véritable conservatoire à ciel ouvert. Il contribue à :

  • préserver les savoirs et gestes ancestraux liés à la musique rituelle,
  • valoriser les jeunes générations de musiciens,
  • transmettre une identité plurielle, afro-maghrébine et islamique,
  • favoriser la reconnaissance mondiale d’une culture autrefois marginalisée.

La reconnaissance par l’UNESCO a renforcé cet engagement, positionnant le festival comme un outil de diplomatie culturelle et de résilience identitaire.

Une culture de l’oralité au cœur du dialogue interculturel

La culture Gnaoua est aussi un langage de résistance et de mémoire. Héritée des esclaves noirs du Sahel islamisé, elle s’est métissée avec les traditions amazighes, arabes, andalouses et soufies. Le festival en est l’expression moderne : un lieu où cette oralité ancienne rencontre les langages contemporains (jazz, funk, reggae, fusion électro…).

Les fusions musicales avec des artistes internationaux renforcent cet esprit d’ouverture, tout en respectant l’authenticité des rituels Gnaouas.

Forum, rencontres et transmission

Outre les concerts, le Festival Gnaoua propose en 2025 :

  • Un forum des droits humains : thématiques liées à la mobilité, à la mémoire et à l’identité afro-descendante.
  • Des ateliers avec Berklee College of Music, pour former de jeunes musiciens marocains à l’improvisation, à la fusion, tout en respectant l’héritage gnaoui.
  • Des conférences, expositions et projections sur la culture noire au Maroc, la place des femmes dans le soufisme, et la transmission intergénérationnelle.

Essaouira, bastion de la mémoire gnaoua

Essaouira n’est pas un choix anodin. La ville est un carrefour historique : jadis port de transit entre l’Afrique noire et l’Europe, elle a vu naître de nombreuses confréries Gnaouas. Ses zaouias, quartiers populaires et familles de maâlems sont les gardiens vivants de cette culture. Le festival y retrouve son espace naturel de déploiement rituel, au cœur des ruelles, sur les remparts ou au bord de l’Atlantique.

Le Festival Gnaoua 2025 n’est pas seulement un événement musical, mais un véritable lieu de mémoire vivante, incarnant le patrimoine immatériel marocain et portant un message d’universalité. Il célèbre les valeurs profondes de tolérance, de spiritualité et de transmission intergénérationnelle, tout en honorant les racines africaines de la culture marocaine. Essaouira, avec son héritage historique et son atmosphère singulière, offre un cadre authentique et symbolique à cette célébration culturelle unique.

Auteur
Photo de profil du docteur Zahra Boughroudi

Zahra Boughroudi

Docteur en langues et communication et titulaire d'un master en tourisme et communication. J’ai eu l’occasion de développer l’expertise dans le domaine de la communication touristique. J’ai mené des recherches en ingénierie touristique et en développement du tourisme culturel.