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De Derb Sultan à l’Olympia, chronique d’une légende marocaine.
Née à Casablanca, dans le quartier populaire de Derb Sultan, Naima Samih (1953–2025) est l’une des plus grandes voix de la chanson marocaine moderne. Révélée par la radio et la télévision publiques au début des années 1970, elle s’impose grâce à des titres devenus cultes comme “Jrit Ou Jarit” et surtout “Yaka Jarhi”, chanson que des générations de Marocains continuent d’écouter, de chanter et de se transmettre.
Dans les années 1960, une fillette grandit à Derb Sultan, quartier populaire de Casablanca. Issue d’un milieu modeste, elle quitte l’école très tôt pour aider sa famille et travaille comme couturière puis dans la coiffure/esthétique. Pas de conservatoire ni de formation académique : c’est la rue, les fêtes familiales, les radios locales et les mariages qui lui servent de première scène.
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C’est là que Naima Samih forge son style : une voix ample, chaleureuse, capable de porter à la fois la pudeur et la douleur, le chagrin et la consolation. Très vite, son entourage comprend qu’elle a “quelque chose de plus”.
Au début des années 1970, Naima Samih tente sa chance à la RTM (Radio Télévision Marocaine). Elle participe à des émissions de découverte de talents, dont “Mawahib”, qui révélera plusieurs grandes voix marocaines.
Sur ces plateaux, sans conservatoire ni solfège, elle s’impose par :
C’est là que naît vraiment Naima Samih, la chanteuse professionnelle, qui va bientôt entrer dans les foyers marocains.
La carrière de Naima Samih bascule avec “Jrit Ou Jarit”, chanson qui se propage dans tout le pays : on l’entend à la radio, dans les taxis, aux mariages, dans les cafés. Dans la mémoire populaire, ce titre est parfois associé ou confondu avec “Yaka Jarhi”, au point que certaines sources présentent “Jrit Ou Jarit” comme étant aussi connue sous le nom “Yaka Jarhi”.
“Yaka Jarhi” est l’un de ses titres les plus célèbres et les plus recherchés aujourd’hui sur les plateformes de streaming.
La chanson est signée par le grand parolier Ali Haddani, connu pour plusieurs textes emblématiques de la chanson marocaine, dont “Yak a jarhi” précisément.
“Yaka Jarhi” n’est pas seulement un succès : c’est devenu un réflexe émotionnel. On la lance lorsqu’un amour se termine, lorsqu’un manque se fait sentir, lorsqu’on a besoin que quelqu’un chante à notre place ce qu’on ne sait pas dire.
En 1977, Naima Samih monte sur la scène de l’Olympia à Paris, un lieu mythique de la chanson mondiale. Elle fait partie des rares chanteuses arabes à s’y produire et devient, selon certaines sources, la troisième et plus jeune chanteuse arabe à y chanter après Oum Kalthoum et Fairouz.
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Ce concert consacre sa notoriété au-delà des frontières du Maroc et grave sa voix dans la mémoire de la diaspora marocaine et maghrébine.
Alors que d’autres artistes de sa génération s’installent en Égypte ou ailleurs pour faire carrière, Naima Samih choisit de rester au Maroc.
Cette décision renforce son image de chanteuse du peuple, présente dans les salons, les taxis, les souks et les fêtes de famille. Elle devient une voix familière, presque un membre de la famille.
Derrière la simplicité apparente de ses chansons, on trouve une équipe de paroliers et compositeurs majeurs de la chanson marocaine, parmi lesquels :
Avec eux, Naima Samih construit un répertoire mêlant :
Chez elle, la virtuosité n’est jamais là pour impressionner, mais pour servir l’émotion.
Au sommet de sa popularité, Naima Samih apparaît également au cinéma, notamment dans le film “Al-Donia Nagham / La Vie est une mélodie” (1978). Cette incursion confirme que son histoire ne s’écoute pas seulement : elle se regarde aussi, comme un morceau de mémoire collective en mouvement.
À partir des années 2000, la santé de Naima Samih se fragilise et ses apparitions publiques deviennent plus rares. Des hommages lui sont rendus sur différentes scènes marocaines, notamment lors d’événements culturels et festivals, où chaque sortie est vécue comme un moment précieux par le public.
Quand elle monte encore sur scène, quelques notes suffisent pour que la salle se lève : on sait qu’on est en présence d’une légende vivante.
Naima Samih s’éteint le 8 mars 2025, à l’âge de 71 ou 72 ans selon les sources, après un long parcours artistique salué par tout le pays. Plusieurs médias rappellent alors son enfance à Casablanca, son origine modeste, son passage par Mawahib, son attachement au Maroc et son rôle dans la modernisation de la chanson marocaine.
Ses obsèques à Benslimane rassemblent proches, artistes et anonymes. Le Maroc ne perd pas seulement une chanteuse : il perd une présence familière, une voix qui accompagnait la vie quotidienne depuis plusieurs décennies.
Parmi les chansons incontournables de Naima Samih, on peut citer :
Ces titres, souvent recherchés sous les requêtes « Naima Samih Yaka Jarhi », « Jrit Ou Jarit » ou « chansons Naima Samih », continuent de vivre sur les plateformes, les radios et dans les souvenirs.
On dit qu’un artiste meurt le jour où l’on cesse de le chanter. Dans le cas de Naima Samih, tout laisse penser que ce jour n’est pas pour demain.
Elle vit encore :
Écouter Naima Samih, c’est entendre une voix qui ne raconte pas seulement sa vie, mais aussi la nôtre : les blessures, les départs, les retours, la tendresse et la force des liens.
Qui est Naima Samih ?
Naima Samih est une chanteuse marocaine emblématique, née à Casablanca (Derb Sultan) dans les années 1950. Révélée par les émissions de la RTM au début des années 1970, elle est considérée comme l’une des plus grandes voix de la chanson marocaine moderne.
Quelle est l’histoire de la chanson “Yaka Jarhi” ?
“Yaka Jarhi” est l’une des chansons les plus célèbres de Naima Samih. Écrite par le parolier Ali Haddani, elle raconte la souffrance d’un cœur blessé, mais avec une grande pudeur. Elle est devenue, au fil du temps, un classique que l’on écoute pour se sentir compris.
Quelles sont les chansons les plus connues de Naima Samih ?
Parmi ses titres les plus connus, on retrouve “Jrit Ou Jarit”, “Yaka Jarhi”, “Ala Ghafla”, “Ach Dani”, “El Khatem” ou encore “Wagif Aala Babikom”.
Naima Samih a-t-elle chanté à l’international ?
Oui. Un moment symbolique de sa carrière est son passage à l’Olympia à Paris en 1977, événement marquant pour une chanteuse marocaine de cette époque.
Quand est décédée Naima Samih ?
Naima Samih est décédée le 8 mars 2025, après plusieurs décennies de carrière au service de la chanson marocaine.

Docteure en langues et communication et titulaire d'un master en tourisme et communication. J’ai eu l’occasion de développer l’expertise dans le domaine de la communication touristique. J’ai mené des recherches en ingénierie touristique et en développement du tourisme culturel.