RICHESSE ET PATRIMOINE MAROCAINS

Igoudar Partie 2 – Architecture, fonctions sociales et tourisme culturel au Maroc

11/7/2025

Découvrez les greniers collectifs amazighs, symboles d’identité et de résilience

Les Igoudar (ou Agadirs) sont des greniers fortifiés amazighs uniques, nichés dans les montagnes du sud marocain. À la croisée entre patrimoine architectural, mémoire collective et organisation sociale, ces édifices ancestraux offrent une immersion fascinante dans l’histoire des peuples amazighs.Dans la première partie, nous avons exploré l'origine des Igoudar, leur rôle dans l'organisation tribale amazighe, et leur importance patrimoniale dans la région de Chtouka Aït Baha. Si vous ne l’avez pas encore lue, consultez [la première partie ici

Qu’est-ce qu’un Agadir ou Igoudar ?

Les Igoudar sont des greniers collectifs fortifiés utilisés autrefois par les tribus amazighes pour stocker leurs récoltes, biens précieux, documents légaux et provisions. Construits en hauteur pour des raisons stratégiques, ils servaient de refuge, de banque communautaire et de centre décisionnel.

Une architecture traditionnelle pensée pour la sécurité

Des matériaux locaux durables et une technique ancestrale

Les Igoudar sont édifiés avec des matériaux naturels disponibles localement : pierre, bois, argile, roseau… La technique de construction "tabout" (ou technique en planches) est utilisée pour ériger les murs, offrant robustesse et durabilité.
La plupart comportent :

  • plusieurs niveaux de stockage,
  • des tours de guet,
  • une porte unique pour un contrôle strict des accès,
  • et sont entourés de murailles élevées et solides.

Fonction sacrée et communautaire

Outre leur fonction logistique, ces greniers servaient de lieux de réunion : on y organisait les assemblées tribales, réglaient les différends, signaient des accords et adoptaient les lois coutumières. Ils étaient considérés comme espaces sacrés, respectés et protégés.

Organisation sociale autour de l’Agadir

  • L’Amine : le gardien du grenier, responsable de la sécurité et de la gestion des dépôts.
  • Les Inflassen : un conseil élu chargé de l’administration du lieu et du respect des règles communautaires.
  • Chaque famille disposait d’une cellule de stockage privée, protégée et sécurisée.

Igoudar de Chtouka Aït Baha : un patrimoine vivant du Souss

La région montagneuse de Chtouka Aït Baha, au cœur du Souss, est un haut lieu des Igoudar amazighs. On y compte plus de 40 greniers collectifs, dont :

  • 7 dans la seule commune de Hilala,
  • et d'autres répartis dans Tiskdalt, Aït Mzal, Idouknzif…

Ces structures datent de plusieurs siècles, incarnant la mémoire amazighe et un modèle ancestral de gouvernance collective.

Un patrimoine menacé mais porteur d’espoir

Malheureusement, de nombreux Igoudar sont aujourd’hui à l’abandon, dégradés par le temps et le manque d’entretien. Ils ne remplissent plus leur rôle historique, ni leur potentiel moderne en tant que destination touristique culturelle.

Une opportunité pour le tourisme durable au Maroc

Réhabiliter ces structures, les intégrer dans des circuits touristiques au sud du Maroc, et les faire revivre comme :

  • musées vivants de la mémoire amazighe,
  • lieux de découverte culturelle,
  • espaces d’apprentissage pour les jeunes générations,
    serait une source de développement local et un acte de sauvegarde du patrimoine national.

Préserver les Igoudar, c’est honorer notre mémoire

Les Igoudar sont bien plus que des greniers : ils sont le témoignage d’un mode de vie basé sur la solidarité, l’ingéniosité et le respect mutuel. Leur préservation est un devoir patrimonial, identitaire et touristique.

Envie de découvrir les Igoudar autrement ?Je vous propose des visites guidées personnalisées au cœur des greniers collectifs de Chtouka Aït Baha, pour explorer leur histoire, leur architecture, et leur rôle dans la culture amazighe.👉 Contactez-moi pour organiser une immersion authentique dans ce patrimoine unique.

Auteur
Photo de profil du docteur Zahra Boughroudi

Zahra Boughroudi

Docteur en langues et communication et titulaire d'un master en tourisme et communication. J’ai eu l’occasion de développer l’expertise dans le domaine de la communication touristique. J’ai mené des recherches en ingénierie touristique et en développement du tourisme culturel.